Programme > Pré-programme avec résumés

Anne-Claire Dobrzynski: Psychologue clinicienne, MCF CRPPC Lyon2

Prise en compte des boucles récursives, théorisées par le sociologue Edgar Morin, pour mettre au travail les paradoxes en psychanalyse.

 

C'est dans le cadre de sa théorie de la pensée complexe que le sociologue Edgar Morin a théorisé les boucles récursives, qu'il définit ainsi : le produit est le producteur de ce qu'il produit. Ces modalités de causalité circulaire peuvent se décliner aussi bien sur un versant mortifère qu'un versant subjectivant. Nous verrons comment leur prise en compte, ici dans la clinique des agirs violents à l'adolescence, permet de mettre au travail les paradoxes aliénants et omniprésents, en paradoxes maturatifs.

 

Raphaël Minjard: Psychologue clinicien, Pr CRPPC Lyon2.

Contre les silos ! Pour une culture de la transdisciplinarité !

Dans cet exposé je prendrais appui sur l’accompagnement de plusieurs équipes et institutions du médico-social pour éclairer les processus en jeu dans les dynamique institutionnelles pensant travailler dans la pluriprofessionalité et la transdisciplinarité et je proposerai des points de réflexions et d’ouverture vers la notion de culture de la transdisciplinarité et le travail qui lui est inhérent.

Samuel Lézé: Associate Professor in Anthropology of Science Human Sciences Department, ENS Lyon.

La méthode de découverte d'une nouvelle méthode de découverte

1. Objet : des jugements sur l’interdisciplinarité à la pratique des jugements interdisciplinaires. 
2. Question : comment former un jugement interdisciplinaire ? Conditions de félicités ? 
3. Thèse : l’interdisciplinarité est avant tout une méthode de découverte d’une nouvelle méthode de résolution d’une anomalie théorique.
3. Méthode : pratique et observation du « symposium », cas en discussion avec M.Mead et P.Buyers
4. Résultats : le cadre intensifie la co-présence (discussion, émulation) et l’usage des métaphores pour formuler une nouvelle méthode et ses applications possibles. 
5. Conclusions : l’institution de l’interdisciplinarité détruit l’interdisciplinarité au profit de la création d'un nouveau domaine.

 

Jean-Marc Talpin :Pr émérite CRPPC Lyon2 et Céline Racin : MCF CRPPC Lyon2

« Merci docteur ! ». Ambiguïté des identités professionnelles en équipe pluridisciplinaire de gériatrie.

En appui sur la clinique des sujets âgés en institution, nous travaillerons l'ambiguïté des identités professionnelles en équipe pluridisciplinaire de gériatrie en nous centrant plus spécifiquement sur  la "fonction psy". A partir de cela nous réfléchirons au travail en équipe pluridisciplinaire de gériatrie et à la pluralité des transferts qui s'y loge en mettant au travail les transferts croisés et les conditions de l'interdisciplinarité qui permettent de l'utiliser comme outil de travail.

 

Tamara Guenoun. Psychologue clinicienne MCF Lyon2, CRPPC; Remy Granier. Psychologue, Artiste peintre.

Les médiations artistiques : espaces de traduction et de mise en forme du sensoriel

La psychanalyse permet une écoute du processus psychique en jeu dans le rapport à l’objet de médiation dans des dispositifs artistiques auprès de publics fragiles. Ces dispositifs peuvent viser une dimension thérapeutique ou revendiquer leur volonté d’ouvrir un espace de création, à côté des temps de soin déjà existants pour les sujets. Cette communication explorera la manière dont les arts, chacun avec leurs singularités, vont permettre une mise en forme d’un sensoriel resté en souffrance pour les participants. Nous chercherons à circonscrire qu’est-ce qui se joue dans cet à-côté du soin, qui pourtant rend palpable l’émergence d’un autre rapport à soi. Comment les langages des arts se nouent avec l’écoute psychanalytique dans ces lieux de rencontre singuliers ?

 

Prof. Patricia Mercader . Psychosociologue, professeure honoraire des universités
 
Tenter l’indiscipline: la recherche comme pratique à risque
 
Avec l’exemple des études sur le genre, nous explorerons les embûches, mais aussi les plaisirs, de la recherche lorsqu’elle transgresse les frontières disciplinaires. Embûches épistémologiques mais aussi institutionnelles, plaisirs de la surprise et de la conflictualité… Nous proposerons aussi quelques remarques sur les conditions dans lesquelles devient possible, au moins relativement, la pratique de la transdisciplinarité, voire de l’indiscipline, en recherche.



Prof. Alain-Noël Henri. Psychologue, Philosophe et Psychanalyste

Le peuple des frontières
 
Pluri-, inter -, trans-… la danse des préfixes autour de la « disciplinarité » marque en creux un rapport ambivalent à ce monstre sacré qu’est « la discipline », un terme dont la polysémie ne doit rien au hasard. Le colloque 2024 du département FSP, dans la lancée des précédents, élargit la question, purement épistémologique à l’origine, aux terrains de pratique. On règlera la focale sur le halo qui nimbe l’un et l’autre de ces espaces, pour y mettre en valeur une zone frontalière, espace transitionnel où se meuvent ceux que l’art militaire appelait jadis les « enfants perdus ». Le terme relativement récent d’indisciplinarité, et son lien avec la sérendipité, nous permettront de la penser, à l’opposé d’un résidu de déchets inclassables, comme le lieu d'une pratique alliant d’autres figures de la rigueur et d’autres voies vers la fécondité.

 

Prof. Albert Ciccone. Professeur émérite, CRPPC, Université Lyon2

La position transdisciplinaire

Je décrirai ce j’appelle une « position transdisciplinaire », position interne à chacun, à chaque soignant et à chaque praticien, qui ne nécessite nullement d’être expert de toutes les disciplines ni même de les connaître, car elle est l’inverse d’une position omnipotente et omnisciente, et elle suppose au contraire humilité et humanisme.

 

Svetoslava Urgese, Psychologue clinicienne, Docteure en psychologie, ATER, CRPPC, Université Lyon 2.

De l’équipe à l’équipage : embarquer à plusieurs et naviguer ensemble en institution 

Cette communication propose de revisiter le travail en équipe en institution à travers la métaphore de l’équipage. Ensemble, dériver, traverser, chavirer, voire s’échouer : telles sont les potentialités du travail collectif auprès des personnes accueillies. Ce constat soulève plusieurs questions : entre les singularités plurielles et la quête d’un cap commun, quels repères peuvent guider cette navigation collective ? Comment composer avec un climat institutionnel souvent incertain ? Et plus encore, comment la métaphore marine peut-elle soutenir le récit de cette traversée groupale ?

 

Prof. Frédéric Darbellay. Head of Inter- and Transdisciplinarity Unit, Université de Genève (Suisse)

Pour une transdisciplinarité centrée sur l’humain : l’avènement d’une nouvelle expertise ? 

La transdisciplinarité ne se réduit pas à un simple mot à la mode qui remet en question ou contredit les logiques disciplinaires. Au contraire, ce concept représente un corpus théorique diversifié, organisé et validé méthodologiquement. Après avoir clarifié sa définition, cette intervention situera l'approche transdisciplinaire dans une perspective centrée sur l'humain, en mettant l'accent sur les caractéristiques des individus qui s'engagent dans cette voie, encore difficile mais créative, tant dans la recherche que dans les pratiques professionnelles confrontées à la complexité.

 

Eric Jacquet Psychologue clinicien, MCF de pPsychologie et Psychopathologie Clinique Psychanalytique, Directeur du département FSP

Le transdisciplinaire n’est pas l’intégratif.

L'intervention vise à montrer qu'assimiler la démarche transdisciplinaire à celle  de l'approche dite "intégrative" releverait d'un contresens. L'intégratif est un projet que Marion Bachelart défini ainsi:, « ...de déradicalisation des thérapeutes et d’invitation à la rencontre». S'il peut-être louable, énoncé ainsi , il ne s'appui guère sur une épistémologie cohérente au fondement de la construction d'un savoir dit intégratif ou d'une pratique dite intégrative. Intégratif désigne en réalité des approches pluridisciplinaires très hétérogènes la pluspart du temps faites de juxtapositions ou d'additions tantôt techniques, tantôt théoriques dont l'intégration est approximative et qui dénaturent souvent les différents référentiels mobilisés. L'approche transdisciplinaire, tant sur le plan du sens des pratiques que du côté de la recherche vise, au contraire, à approcher l'hypercomplexité de ce qui transcende les pratiques de soin et la production de connaissances. En cela le débat épistémologique pourrait être en soi une démarche transdisciplinaire

 

 

PROGRAMME DES ATELIERS 

 

ATELIERS VENDREDI

 

A- CLIO 040 - Transdisciplinarité et pratiques animé par Marjolaine Doumergue

 

Formation des psycho-praticiens par l'approche psychanalytique. Contre-sens épistémologique ou engagement éthique du psychologue ?

Kévin Toupin

 

À partir de notre expérience d'enseignant dans un organisme formant des psycho-praticiens, nous identifierons qu'un enseignement s'étayant sur l'approche psychanalytique conduits, d'une part, ces apprenants à renoncer à leur installation en libéral et, d'autre part, participe à ce que se révèle à eux les motifs les ayant conduits à vouloir acquérir, dans l'urgence, une certification non diplômante. 

 

La transdisciplinarité comme condition d'ouverture au réel, par-delà les cloisonnements disciplinaires

Nicolas Jouvenceau

 

La spécialisation des sciences modernes a conduit non seulement à une perte de vision globale (Aron, 1961), mais à l'effacement de la dimension de l'homme (Arendt, 1963). S'en est déduite une certaine pratique de la gestion des « ressources humaines », en projet chez A. Comte (1822) et déployée actuellement sous l'égide d'une « gouvernance par les nombres » (Supiot, 2015). Ainsi le réel s'en trouve-t-il réduit à quelques facettes objectales, elles-mêmes instrumentalisées à des fins politiques ou mercantiles.

Dès lors, ce n'est pas un hasard si la psychanalyse est née à la fin du XIXème siècle et comme approche transdisciplinaire, en un temps où les hommes se sont retrouvés pris « dans un discours bien perturbé, dévié peut-être, et de quelque façon inhumain, aliénant » (Lacan, 1953-54). Il s'agissait en effet pour Freud de cerner cette parole du sujet qui ne se laissait pas si facilement attraper par les concepts et les disciplines de son époque. Non que la psychanalyse se soit élaborée contre les sciences : plutôt à leur envers ; partiellement avec leur appui et dans les marges de leur déploiement. Tel est ce qui permit l'émergence de l'hypothèse de l'inconscient et la pratique afférente.

Dans cet esprit, je pourrais témoigner de la portée qu'a pu avoir la transdisciplinarité dans le cadre de mon doctorat de philosophie (EPHE, 2011). Afin d'appréhender cette autre réalité énigmatique qu'est la « servitude volontaire » (La Boétie, 1546-48), j'ai mobilisé la philosophie (ma discipline de formation initiale), la psychanalyse et les sciences humaines. C'est sous forme de « constellation » (Adorno, 1966) que j'ai cherché à éclairer cette part obscure de la réalité humaine. Le gain d'intelligibilité n'en a pas produit pour autant une efficacité technique ni un gain de pouvoir... En revanche, il m'a conduit à une révision substantielle de positionnement éthique et praxique : le passage à la psychanalyse et à la psychologie – avec les apports pluridisciplinaires de la FPP – et à l'analyse de la pratique professionnelle auprès d'équipes engagées aux côtés de publics précaires. Désir individuel aliéné et désir professionnel dévalorisé, empêché, ne sont pas sans rapports. Et la transdisciplinarité me semble au cœur du positionnement pour y répondre, singulièrement et modestement. Elle ne saurait pour autant constituer un mot d'ordre ou un idéal ; elle renvoie au parcours de chacun, aux prises avec ce qui fait discipline pour lui... au risque de s'y soumettre.

Groupalités « momentanées » dans les dispositifs de régulations institutionnelles : du mépris à la honte, vers une émergence des enjeux de responsabilité ?

Julien Payet

 

Dans les champs sanitaire et social, par la mise en œuvre de dispositifs de régulation
institutionnelle (formation, intervention institutionnelle, analyse de la pratique etc…), les
organismes de Formation Continue interrogent, nourrissent et soutiennent les pratiques
professionnelles, participant à leurs évolutions permanentes (Schwartz, 1999).
Les évolutions législatives de la Formation Tout au Long de la Vie, la refonte de l’action
sociale et sa marchandisation (Chauvière, 2008) entrainent une modification des demandes
d’intervention des institutions (Appels d’offre, recommandation des Bonnes pratiques etc…).
Ces demandes s’effectuent désormais dans des temporalités toujours plus précipitées (Rosa,
2013) et pour lesquelles il devient peu évident de repérer qui en sont les auteurs et à quel(s)
collectif(s) (équipe, service, pôle, plateforme etc…) l’intervention va s’adresser.
Dans ce contexte, l’analyse clinique de ces demandes s’avère nécessaire pour tenter de
réarrimer les dispositifs de régulation aux attentes et besoins des professionnels
destinataires (Gaillard, 2015), s’attachant prioritairement à faire émerger les conditions
même de leur réalisation.
Ce travail articulaire, en « amont de la tâche primaire » (Benarab, Bompard & Gaillard, 2020)
nous invite en particulier à interroger les « groupalités momentanées » actuelles, comme
formes émergentes des collectifs. Nous proposons de questionner ce que ces nouvelles
configurations d’équipe mobilisent comme alliances inconscientes (Kaës, 2009) et quelle
transformation du mépris actuel (Stiegler, 2008) offre-t-elle, vers une reconnaissance
d’affects honteux, à même d’être partagés ? En appui sur ce travail préalable et sur une
malléabilité du cadre d’intervention (Mitsopoulou, Payet, Jacquet & Talpin), l’enjeu
résiderait-il dans une tentative de « (ré)inscription » d’une forme de responsabilité (Barbieri
& Gaillard, 2020) transdisciplinaire ?

 

 

B- CLIO 006  Exil, rencontre et interculturalité – animé par Svetoslava Urgese

 

L'interdisciplinarité comme traduction clinique et éthique.

Sébastien Talon

 

Dans la rencontre clinique contemporaine, avec une population étrangère, nombre de questions se posent, quant à la pratique, et la recherche. Or dans les deux cas, G.Devereux (1977/2010) propose une méthodologie qu'il nomme complémentarité épistémologique. Le principe est celui de prendre deux épistémologies pour analyser succinctement un même phénomène observé. Mais dès lors comment faire sans tomber sous le coup ou d'une exotisation ou de fétichisation de cette clinique ?

Or, « l'interdisciplinaire [...] commence effectivement (et non par la simple émission d'un vœu pieux) lorsque la solidarité des anciennes disciplines se défait, peut-être même violemment à travers les secousses de la mode, au profit d'un objet nouveau, d'un langage nouveau, qui ne sont ni l'un ni l'autre dans le champ des sciences que l'on visait paisiblement à confronter ; c'est précisément ce malaise de classification qui permet de diagnostiquer une certaine mutation. » (Barthes, 1984, p. 71)
Or, l'Exil a ceci de particulier qu'il implique un choc entre l'intime, le social et le politique. Un sujet part de chez lui pour connaître un Essilium, c'est-à-dire « un chemin du retour » qui lui devient interdit dans l'état où il est parti. Car quand tout va très bien on ne part pas de chez soi. Et, comme l'écrit O. Douville dans son ouvrage intitulé Les Figures de l'Autre, « l'interrogation à propos des liens entre psyché et culture devient encore plus aiguë lorsque se produisent et se cumulent des expériences de désarrimage du sujet à ce qui dans la culture le protège et lui donne le sentiment d'avoir de quoi loger son intimité et ses idéaux » (2014, p. 3).

Ce sont ces expériences qui nous obligent alors à une interrogation éthique aigüe dans la mesure où l'interdisciplinarité est une forme de traduction qui confronte ceux qui les accueillent à la « souffrance éthique » que C. Dejours nomme (1998). En effet comme toute traduction il y a un effet de passage d'enrichissement et de perte par ces confrontations. Alors quand en plus du fait de la différence des langues il y a une nécessaire traduction, on peut se demander comment faire pour articuler la langue et le corps, quand la « cheville somato-psychique » (Mylona, 2011) du maternel ne tient plus. Et c'est dans le trou, la marque qu'elle laisse, où les professionnels de sombrer. C'est cet écueil que nous proposons de mettre en discussion.

 

 

La fonction paternelle questionnée chez des couples de femmes et chez les Na de Chine

Pierre Ronzon

 

Proposition d'une contribution à partir du travail de recherche sur la « fonction paternelle » dans le cadre d'un Master 2 Recherche soutenu en juin 2022 à l'université Lyon 2.
Je me suis attaché à travailler la question de la fonction paternelle d'une part chez les Na de Chine et d'autre part en France chez 3 couples de femmes. L'intitulé du mémoire fut donc « La fonction paternelle questionnée chez des couples de femmes et chez les Na de Chine ».
L'enjeu de cette recherche réside dans le croisement, dont je pense qu'il peut être fécond, de deux terrains : la rencontre des Na de Chine et celle de trois couples de femmes, sous le double éclairage de l'anthropologie et de la psychologie clinique.
Deux rencontres:
 les Na de Chine, une ethnie dite « sans père ni mari ». Qu'en est ‘il de la fonction paternelle ?
 trois couples de femmes, reçues en entretiens en 2020 et 2021.
Deux disciplines :
 l'anthropologie avec comme centration ce à quoi nous convie Anne Cadoret « réfléchir à cette étrange donnée que, d'un fait biologique simple, un homme et une femme pour fabriquer un enfant, les sociétés ne tirent pas toutes la même conséquence, ne postulent pas toutes une adéquation « naturelle » entre père et géniteur, mère et génitrice ».
 la psychologie à propos du devenir parents chez ces couples de femmes, et chez les Na. « Comment la parentalité se construit-elle alors que l'institution ne peut proposer une logique d'ensemble permettant de penser la place de chacun dans un système de relations ?» s'interrogent Alain Ducousso-Lacaze.
A partir de l'invitation de Georges Devereux, « la règle la plus importante est de dire comment on est parvenu à obtenir ce qu'on a obtenu », j'ai développé les modalités de recueil de ce que j'avance tout en le questionnant.
J'ai retenu le terme de « croisement » car il s'agit d'examiner ce que l'étude de chacun des deux terrains pouvait avoir de fécond pour questionner la fonction paternelle. Le croisement de ces
deux disciplines s'est imposé car, selon Odile Journet-Diallo, « nos objets, nous les appréhendons empiriquement, à travers des situations singulières, non reproductibles, où sont tout autant engagées la psyché, les schèmes culturels ou le système de pensée du praticien ou du chercheur que la psyché, les schèmes culturels ou le système de pensée de l'autre ».

 

 

La transdisciplinarité à partir d'une roulotte: véhiculer l‘hospitalité au-delà des maisons disciplinaires

Christian Hanser

 

Cette communication propose d'aborder la transdisciplinarité à partir d'une conceptualisation itinérante de l'hospitalité afin de s'approcher d‘un espace paradoxal d‘émergence. L'argumentaire se construit autour d‘une pratique relationnelle publique hors les murs des universités. Une roulotte devient lieu de croisements des savoirs et des récits. Le débat scientifique se mobilise grace à une installation pop-up et temporaire de cette 'cabane itinérante'.

 

Dans l'université contemporaine, la transdisciplinarité est en vogue. L'institution est structurée par l'affiliation à des unités de recherche. Pour accueillir la transdisciplinarité au sein des facultés, il est souvent envisagé d'accueillir l'autre à la maison, chez soi. Dans cette vision d'accueillir une demarche transdisciplinaire dans sa propre maison institutionnelle, le paradoxe de l'accueil peut amender à sédentariser. Derrida suggérait que le hôte n'est pas libre dans la maison qui l'accueille.

 

Comment alors créer des instances et des dialogues en dehors de cette idée fixe de vouloir accueillir l'autre chez soi? Est-il possible d'accueillir la transdisciplinarité en amont, dans la rue? La posture vagabonde, volontairement démunie de résidence fixe, élargit le spectre de possibles actes hospitaliers. Elle crée des instances de recherche dans l'interstice, à l'entre-deux. La roulotte véhicule un mouvement qui tente de surmonter les barrieres disciplinaires et institutionnelles et aide ainsi à localiser le débat transdisciplinaire dans les passages, non pas dans les 'chez soi'.

 

La roulotte en tant qu‘abri itinérant d'une approche professionnelle a facilité une pratique relationnelle sur roues dans le champ de l'éducation et du travail social depuis 2010. Ensuite, le travail avec la roulotte s'est aussi transformé en méthodologie qualitative par une thèse qui vagabonde, pour enquêter, en dehors des batiments habituellement constituant les sites de production des savoirs universitaires. En retraçant la déambulation doctorale avec la roulotte, il sera argumenté que l'accueil en dehors de la maison institutionnelle est possible, même désirable afin de dépasser le paradoxe sédendarisant qui enveloppe la transdisciplinarité. L‘absence d'affiliation se transforme en atout vital pour cheminer vers l'utopie d‘une université qui fournit un toit abritant mais qui cultive aussi l'art de déconstruire les murs, les rendre plus souples pour une transdisciplinarité à portes ouvertes.

 

Cette proposition de communication est possible dans un format atypique, par l'installation de la cabane itinérante sur le site du colloque. L'ouverture de la roulotte pendant les pauses, en amont et en dehors des temporalités de la programmation permettrait d'expérimenter dans un à-côté du colloque propice a la serendipité.

 

 

C- CLIO 034 Travail social, processus d’exclusion et mésinscription animé par Florence Cros

 

 

Le travail social face au processus de déshumanisation dans le contexte d'hypermodernité,

Quentin Ramirez

 

Le sujet que nous allons aborder ensemble est à la jonction des différents prismes de l'hypermodernité et de son impact dans les institutions du social. En effet, entre aspect politique, sociale, psychique et technologique, le rapport à l'autre a évolué jusqu'à impacter les institutions qui ont pour missions d'accompagner cet autre. Mais comment répondre à cette mission lorsque l'autre est renié dans sa subjectivité et sa réalité par les demandes institutionnelles ?

 

Chacun de ces aspects peut être pris dans sa singularité afin de percevoir comment s'opère cette hypermodernité, mais ils agissent également en complémentarité, permettant de cerner les différents enjeux en question.

 

En effet, pris dans des enjeux néo-libéraux bureaucratique et technocratique, ainsi qu'une exigence à ressentir l'urgence, les institutions du social se retrouvent à devoir requestionner leur rapport au public sans pour autant faire évoluer leur tâche primaire. Ces transformations, implicite ou explicite, amènent injonction paradoxale et conflit chez les professionnels et transforment le rapport à l'institution, à l'identité professionnel, au public. C'est précisément ce que nous allons développer ici.

 

 Psychologue clinicien spécialisé en clinique des institutions et clinique des groupes, ma pratique se caractérise par la mise en place de Groupe d'Analyse de la Pratique dans les institutions du médico-sociale, de l'accueil et de l'accompagnement. Entre agent d'accueil, éducateur spécialisé et psychologue, la clinique ici repose sur le changement de paradigme qu'ils évoquent. De plus, une lecture théorique fondée par les apports de la psychologie sociale, la psychanalyse de groupe et la sociologie, a permis de questionner les mouvements institutionnels déshumanisant à l'œuvre et les enjeux de telles exigences.

 

D'une simple question posée à différents endroits : « qui donne la valeur à votre travail ? » et d'une réponse partagée « c'est le public », nous pouvons alors nous demander où est l'institution dans la relation entre professionnel et le public ? Pourquoi n'est-elle pas mentionnée ?

 

Nous poserons donc comme question :

 

- Quels enjeux pour l'identité et d'identification des acteurs institutionnelles dans le mouvement paradoxale de déshumanisation dans le travail social ?

 

Pour répondre à cela, nous verrons tout d'abord comment se caractérise cette déshumanisation du sujet, pour ensuite voir l'impact que cela a sur le lien entre professionnel et institution, afin de finir sur les nouvelles places que prennent ou attribuent chacun des acteurs.

 

Objet commun, regards croisés, résultats partagés Hindi Hafhouf- Lacôte 1 , Sophie Mercier Millot

 

Au travers du prisme de la psychologie clinique psychanalytique et de la psychodynamique du travail et à partir de recherches implantées dans deux lieux destinés à des personnes engagées dans le processus d'exclusion, cette communication se propose d'illustrer la pertinence des regards croisés pour appréhender les processus de subjectivation. Cette dernière est pensée et articulée à l'institution. Au travers de deux vignettes cliniques et de deux épistémologies complémentaires et mises en discussion, il s'agira de comprendre comment l'institution influe et retentit sur le sujet. Dans un cas, l'usager se confronte à la prescription portée par les professionnels de la structure et dans l'autre c'est le professionnel qui est mis à l'épreuve. Autrement dit, cette communication visera à montrer ce que peut produire la mise au travail de deux épistémologies.

 

Vive la subversion ou la marge qui définit les mésinscrits nous rend plus libres !

Laurence Pessinet

 

Je travaille depuis un long moment, cela m'a certainement aidée, en psychiatrie et plus particulièrement auprès des mésinscrits,expression d' A.N Henri.

 

Ces personnes sont mis à la marge par notre société mais cette place imposée ne leur offre pas que des désavantages. Elle est garante d'une liberté à laquelle ils tiennent souvent plus que tout et qui nous contamine également. Nous sommes amenés à chercher dans notre imagination comment les rencontrer. C'est ici que l'expérience et l'audace qui en découlent sont de précieux alliés. La plupart du temps il n'y a pas de demande de leur part, la relation exige alors de compenser cette absence par une implication forte et dès lors un transfert des plus intense.

Il nous arrive fréquemment en tant qu'intervenant d'être assimilés à ces marginaux. Nous notons, que l'institution nous met à la marge et nous devenons nous même les mésinscrits de l'institution et profitons aussi de la liberté de travail qui nous est laissée par ceux qui ne comprennent pas nos interventions.

C'est la société, la communauté au travers de l'institution sociale ou psychiatrique qui nous demande de rencontrer ces personnes. Que faire alors de ces demandes tronquées, qui ne proviennent pas de celui que nous allons rencontrer ?

Le pari se situerait alors dans une tentative de faire advenir une demande d'écoute de la part de ces sujets si peu entendus dans leur singularité. En effet, leurs interrogations et souffrances ne sont pas souvent celles de l'institution qui sollicite la prise en charge. A nous de l'entendre.

Mais alors, comment se détacher de l'institution mère qui origine et oriente nos interventions du côté d'une réintégration du sujet dans la communauté dans le but de restaurer le calme qu'il perturbait ?

Le soignant est- il complice de ce mouvement ou peut-il s'en défaire pour se rattacher à sa tâche première, l'écoute de la particularité de chacun ?

Il ne convient pas non plus de refuser l'appartenance à l'institution et ceci pour plusieurs raisons que nous développerons..

La présentation proposée consistera à déplier la spécificité des fonctionnements de ces patients dits mésinscrits ainsi que la spécificité de la prise en charge dans une liberté d'action retrouvée au travers de notre pratique.

La prise en charge de ces sujets relève de la capacité des soignants d'utiliser la subversion à propos des règles institutionnelles pour créer des prises en charges ‘'hors nomenclatures ‘'et donc incasables pour des hommes ‘'inclassables''.

 

ATELIERS SAMEDI MATIN

 

 

D-  CLIO 040 Espace, temps et temporalité -animé par Julien Payet

 

Des Arts, de la philosophie, de la physique et de la psychanalyse. Résonances épistémiques contemporaines à la table de l'espace-temps.

Charlotte Hardy,

 

Au tournant du 20ème siècle, quand S. Freud en 1900 fasciné par le phénomène de condensation dans le travail du rêve découvre l'intemporalité des processus primaires, fonde une méthode à la découverte des processus inconscients par la métaphore ferroviaire en partance pour « les chemins du transfert » ; A. Einstein, expert technique à l'Office fédéral des brevets à Berne, travaille à la synchronisation des horloges dans les gares, modélise bientôt ses théories de la relativité restreinte en 1905 puis générale en 1915. M. Proust s'est installé dès 1906 dans sa chambre à sa Recherche du temps « sensible » des retrouvailles (Kristeva, 1994 ) jusqu'à la publication de son Temps retrouvé en 1927 ; quand la même année M. Heidegger ressaisit la pensée philosophique par son origine et « livre » son manuscrit inachevé Être et Temps.

De la belle époque aux années folles, du cinéma et de la radio à l'art moderne, alors qu'au tournant du 20ème siècle les sciences se lancent à l'aventure de la recherche « au-delà du visible », la pensée du Temps entrerait en révolution à travers les disciplines.

De quelle révolution quant à la question de l'espace et du temps le réseau ferroviaire, le train et sa gare sont-ils le lieu ? De quels objets de savoirs transdisciplinaires contemporains cette révolution est-elle le lieu ? 

Les Arts, la Philosophie, la Physique et la Psychanalyse opèrent un renversement des cadres a priori du temps et de l'espace. L'espace et le temps jusqu'ici pensés comme des cadres et contenants a priori de la matière et des objets en mouvements deviennent l'espace-temps du contenu de l'Univers, de l'Être, de la Psyché et de l'Œuvre d'art. L'Univers est l'espace-temps pour A. Einstein, l'Être est Temps pour M. Heidegger, le Sujet est l'espace-temps de sa psyché dans toutes ses dimensions de la matière première aux processus primaires et secondaires pour S. Freud quand enfin l'Œuvre d'art est l'espace-temps du sentir dans l'expérience esthétique comme nous invite à le penser H. Maldiney.

Au delà de ce renversement du cadre au contenu dans la pensée de l'espace-temps, au creux de la fabrique des savoirs entre et à travers les disciplines, s'est dégagée la deuxième idée tout à la fois simple et vertigineuse que le temps est de l'espace, au sens où il prendrait sa source dans l'espace, au creux des rythmes et formes d'espace, issu et tissu de l'espace, d'un espace virtuel en arborescence réticulée, « en relations ».

 

 

Difficultés attentionnelles chez l'enfant : la suspicion de trouble de l'attention comme symptomatologie d'une temporalité événementielle du système familial

Jessica Rosand Soto, Angélique Mortreux,

 

Les demandes de bilans psychométriques et neuropsychologiques sont aujourd'hui particulièrement répandues, notamment dans le secteur médico-social. Elles font parfois l'objet d'une injonction de la part des institutions et des instances gestionnaires, allant toujours plus vers une individualisation de la compréhension des phénomènes psychiques que l'on pourrait annuler, rééduquer, dans une logique normative et linéaire de cause à effet, sans en interroger le sens dans toute sa complexité.

Cette individualisation des expressions symptomatiques de la souffrance mise en lumière par l'enfant nous éloigne précisément de cette complexité nécessaire à la pratique clinique. Par l'écoute transdisciplinaire de la demande de bilan, nous proposons de lire l'expression de la difficulté attentionnelle chez l'enfant comme le symptôme d'une souffrance familiale. Les difficultés de repérage temporelle notamment, évaluable à l'aide des batteries de test, nous semblent, dans un certain nombre de situations, corrélées à la temporalité familiale, centrée sur l'événement, le passage à l'acte tel que le décrit Guy Ausloos (2019). Aussi proposons-nous d'entendre cette difficulté, habituellement considérée comme individuelle et neurodéveloppementale, comme l'expression d'une souffrance à l'échelle du système familial. Elle serait symptomatique d'une demande de mettre en récit, de faire la narration de l'histoire de la famille et de l'inscrire ainsi dans une temporalité favorable à l'adaptation au changement.

 

 

"Détours indisciplinaires : mouvement de découverte et d’exploration épistémologique d’une pratique clinique en itinérance

Julia Violon

 

Afin de circonscrire une pratique clinique qui propose la marche « hors les murs » comme médiation thérapeutique, il a été nécessaire de faire plusieurs détours « indisciplinaires » (Catelin & Loty, 2013) pour circonscrire au mieux les effets et incidences d’un tel dispositif dans notre hypermodernité. La marche, bien qu’elle soit contemporaine de l’apparition de l’être humain sur Terre, se transforme et se modèle selon ses pratiques, ses cultures et ses modes de vie. Aujourd’hui, elle se pratique à des fins ludiques, sportives, contemplatives, artistiques, spirituelles autant que pour des enjeux politiques et sociaux. Elle est actuellement saisie par différents domaines comme une façon de se « re-trouver », là où l’hyper-modernité transforme notre société, notre corporéité, notre relation à l’environnement, à l’espace, à la temporalité, au vivant et aux autres que soi. Cette communication reprendra les différentes étapes de ce cheminement exploratoire indisciplinaire autour de la « marche à l’ère de l’hypermodernité » comme préambule fondamental à cette pratique clinique.

 

E- CLIO 035 Corps et Créativité animé par Eric Jacquet

Grommeler : une expérience transdisciplinaire thérapeutique ? Sarah Dufeutrelle

 

Le présent travail brosse succinctement un portrait phénoménologique d'un des outils théâtraux utilisés en dramathérapie au sein d'un service de psychiatrie en milieu pénitentiaire (UHSA) depuis 2019 : le grommelot. Partant d'une question de recherche empirique à propos de la dimension thérapeutique de ce non-langage, je tente d'explorer le rapport qu'entretiennent tous les acteurs du dispositif (soignants et soignés) avec cette performance hors normes, de facto transdisciplinaire. Tandis que la scène théâtrale amène un vécu quasi existentiel et une narrativité spécifique, déhiérarchisant la relation soignant-soigné, le grommelot apporte peut-être une nouvelle intentionnalité dans l'acte théâtral partagé.

Il s'agit alors de décrire, modéliser et faire synthèse autour de ce dispositif singulier. Or pour cela une complexité d'épistémologies plurielles des sciences humaines et sociales s'impose permettant de tisser entre psychologie, sociologie et philosophie des passerelles à partir de la pratique. Ainsi l'expérience phénoménologique du grommelot entre soignants et soignés au sein d'un groupe thérapeutique permet peut-être de saisir différemment l'intersubjectivité dans son ontogénèse. Comment ce non-langage offre des perspectives transdisciplinaires dans ce dispositif qui chahute l'identité et le sens commun ? Il semble que le grommelot en dramathérapie ouvre potentiellement une zone franche[1] inspirée des travaux de Goffman (1968). Ce néo-territoire bricolé est peut-être une réponse au cataclysme vécu dans la dislocation de l'espace social imposé par la psychiatrie en milieu pénitentiaire. Le grommelot par la créativité qu'il induit pourrait être un levier vers une compensation phénoménologique[2] pour lutter joyeusement et politiquement contre la mésinscription institutionnelle[3] subie.

Aussi loufoque soit cette proposition thérapeutique dans sa forme, les témoignages et observations promettent des pistes intéressantes tant sur le plan individuel que dans la dimension institutionnelle.

[1] In Asiles, éditions de minuit.

[2] D'après Samuel Thoma dans Folie et espace social. Contribution phénoménologique à la psychiatrie sociale, Klesis, 51

[3] D'après les travaux de Alain-Noël Henri (dès 1995)

 

 

 

L'archaïque à la lumière de la danse Butô : les enjeux d'un dialogue entre art et médiation

Marion Ruch

La notion d'archaïque connait un intérêt très contemporain en psychanalyse : les chercheurs et chercheuses actuels en psychologie clinique s'interrogent sur l'émergence de la vie psychique dès ses prémices in utero (Missonnier & Golse, 2021 ; Prat, 2023). Cette nouvelle boîte noire de la psyché a d'ailleurs déjà été explorée au siècle dernier, mais pas par la psychologie...

En effet, la danse Butô apparait à la fin des années 50 dans les milieux underground du Japon. Le pays est encore dévasté par les deux catastrophes nucléaires d'Hiroshima et Nagasaki qui sonnent la fin de la Seconde Guerre mondiale. A celles-ci s'ajoute une période de crise politique qui secoue le peuple de nombreuses révoltes. Les bases mêmes de la culture nationale sont ébranlées par l'américanisation et l'indiscipline. C'est au cours de cette période que naît la danse Butô, que l'on traduit par danse « des ténèbres ». Le Butô s'érige comme une voie d'exploration d'éprouvés eux-mêmes ténébreux : ceux de la vie fœtale, organique, ou encore des pulsions humaines...

Cette présentation propose une exploration des questionnements soulevés par la danse Butô au sujet des prémices de la psyché. Au travers des écrits de Hijikata Tatsumi, co-fondateur de la danse Butô, nous identifions aisément les points de convergence entre cette pratique et la théorie psychanalytique de l'archaïque, deux disciplines qui n'ont pourtant pas directement dialogué. Pourtant, ouvrir ce dialogue ne peut se faire sans une certaine vigilance. François Laplantine, anthropologue, avance l'idée que la danse n'a pas intérêt à être étudiée comme une forme de langage. Il reproche à ce logocentrisme de porter des angles morts qui effaceraient les fondations de cet art qui puise dans l'univers du préverbal (Laplantine, 2021).

Quand l'art s'invite dans nos espaces de soin, notamment avec les médiations thérapeutiques, il convient d'interroger nos façons de raconter la clinique que l'on recueille, et la lecture que nous en proposons. Nous voyons dans le concept de signifiant formel (Anzieu & al., 1987) puis de chaine associative formelle (Brun, 2014) la possibilité d'une approche fidèle aux traces d'un temps archaïque qui se raconteraient au travers de la médiation danse.

 

 

le corps atteint Martine Reydellet

 

Le corps est traversé par le langage, par les mots et c'est aussi d'être pris dans le symbolique, d'être représenté par les mots, qu'il tient. Un symptôme peut être entendu comme le lieu où s'articule deux registres, psychique et physique. C'est en essayant de maintenir au plus vif cette articulation que j'ai accepté de m'engager dans un processus nouveau pour moi : participer à la mise en place et à la réalisation d ‘une formation de patients contacts en partenariat avec plusieurs associations de patients et une infirmière spécialisée. Je me suis trouvée la seule à n'être pas directement concernée par les problématiques en jeu.

C'est pourquoi je pourrais dégager en tant que psychologue clinicienne, l'importance et les risques pressentis d'une interdisciplinarité dans la construction et l'animation de cette formation. En quoi pourrions-nous ici évoquer une transdisciplinarité ?

 

 

 

 

F- CLIO 005 Groupalités et maillage animé par Pierre-Justin Chantepie

Place du psychologue clinicien dans le mailage transdiciplinaire clinique et institutionnel

Philippe Grondin

 

 

« C'est un TSA, nous ne pouvons pas le prendre en charge. il pourrait être pris en charge en libéral ou en IME. »

Nous pouvons entendre ces paroles au sein de nos institutions de soin, en pédopsychiatrie,t notamment dans le cadre des réunions dites cliniques.

Il s'agirait actuellement pour l'équipe soignante de s'intéresser aux symptômes , visibles qui viennent perturber notamment le groupe-classe et non pas à la souffrance de l'enfant.

De manière quelque peu clivée,, au sein de ces institutions soignantes, l'équipe médicale, principalement en réponse adaptée aux indications délivrées par l'HAS (Haute Autorité de santé) observe à leur insu « une logique d'exclusion » entre les diverses théories. Cette position induit comme une simplification de la pensée groupale. Alors que les découvertes fondamentales en neurologie , notamment devraient conduire à une complexité plus grande dans l'analyse des situations cliniques dans un maillage avec le courant psycho-dynamique.

Par exemple, envisager les différents symptômes présentés par ces enfants comme un handicap ou une défaillance organique permet de tenir suffisamment éloigné le spectre de la folie de l'enfant donc l'angoisse qui va avec.

Le soignant aura trouvé le bouclier qui lui permet de ne pas plonger au centre de la folie de l'enfant accueilli ou plutôt l'institution, protège le soignant de la boucle retour qui pourrait ouvrir la brèche de la préhistoire du jeune patient en grande souffrance. Il s'agit de se protéger de la reviviscence des « agonies primitives » (Winnicott) induites par la régression convoquée par le cadre de soin. En somme, aujourd'hui dans le cadre des réunions cliniques ce sont les chiffres et les performances chiffrables qui ont le vent en poupe. L'enfant devient une somme de chiffres qui va permettre au médecin de faire la proposition d'un traitement. Cette dernière, validée devant ou avec l'ensemble de l'équipe aura pour intention de sortir l'enfant de son état d'agitation, d'être enfin adapté au groupe classe qui risquait de l'éjecter. La réflexion de l'équipe est attendue à l'endroit de la confirmation de la position du médecin, position médicale et surtout pas du côté des ressentis et/ou des ressentiments de chacun des soignants de l'équipe pour tel ou tel enfant.

Un exemple clinique nous permettra de saisir comment le psychologue clinicien a sa place dans ces dispositifs pensés innovants à condition que ce professionnel ait une représentation suffisamment solide de sa professionalité, s'étayant sur la psychanalyse sans pour autant se confondre avec le psychanalyste au travail.

 

 

 

« Il faut tout un village pour élever un enfant » (proverbe africain)

Marion Durand

 

 

Le travail clinique auprès d'un adolescent a ceci de spécifique qu'il s'adresse à un sujet en construction, au psychisme très en mouvement et très malléable, fortement influencé par son environnement. Cela est particulièrement vrai avec les adolescents que je rencontre au sein de l'Établissement de Placement Éducatif de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, où j'exerce, d'une part parce que, beaucoup d'entre eux présentent des « souffrances identitaires narcissiques » (R. Roussillon, 1999), en lien avec des « états traumatiques primaires » qui impliquent l'environnement, d'autre part parce que, ce qui fait symptôme chez eux est (entre autres) un passage à l'acte délictuel (et même souvent plusieurs), adresse de cette souffrance à cet environnement. Les réponses, dans le réel, de l'environnement vont donc avoir pour eux une importance majeure, susceptibles de permettre des déblocages des processus de subjectivation « en panne » (l'expérience traumatique étant présubjective et donc irreprésentable). Le travail clinique « d'après-coup » va donc devoir se passer des traces mnésiques de l'adolescent, mais peut par contre s'appuyer sur ce que l'adolescent va rejouer dans ses relations à autrui, dans la relation au clinicien bien sûr mais pas uniquement, et c'est le lien avec le sujet du présent colloque !

Dans mon travail de recherche, je m'intéresse plus précisément à des adolescents se situant dans une telle panne de la subjectivation, sans traumatisme repéré dans l'anamnèse (maltraitances, négligences...). Souvent, l'enfant a pu être désigné comme « trop gâté ». En fait, quelques entretiens avec les parents permettent de comprendre l'impact du transgénérationnel sur les modalités relationnelles établies précocement avec l'enfant, même si la plupart d'entre eux souffrent de la présente situation. Toujours est-il que l'enfant porte socialement toute la culpabilité (« il se comporte mal alors qu'il a tout eu ») et s'identifie à cette image dégradée de lui-même.

Ces enfants ont souvent déjà rencontrés plusieurs psys, sans succès, probablement du fait de la prépondérance du clivage dans leurs fonctionnements. L'appui, d'une part sur les autres professionnels du lieu de placement et sur ce que le jeune leur fait vivre dans la relation au quotidien, d'autre part sur les parents, positionnés comme partenaires de l'aide apportée à leur enfant, représente, j'en fais du moins l'hypothèse, une voie possible de déblocage de la subjectivation en panne. Le psychologue a une place bien spécifique mais il est dans le même temps un élément d'un environnement qui humanise.

 

 

La gnoséologie de la transdisciplinarité comme fondation de la compréhension complexe du monde

Djoa Eyango, Christian Morau,

 

La dynamique de notre analyse appréhende, la transdisciplinarité comme une posture scientifique et intellectuelle ayant pour objectif la compréhension de la complexité du monde moderne et du présent. Elle inscrit de ce fait cette transdisciplinarité dans le long d'un axe qui va du contact ponctuel entre les disciplines autour d'un concept à leurs entraves. A travers cette inscription, nous souhaitons « étudier un objet d'étude complexe » selon les mots d'Edgar Morin, en reliant les connaissances dans un souci de contextualisation et de globalisation. Elle nous permettra d'appréhender la fusion d'une kyrielle de disciplines dans un système complet et complexe. D'initier des changements de paradigmes (passage du paradigme simpliste à une paradigme complexe) par le processus de reliance.

 

En transcendant les anomalies au sens de Kuhn, « la souffrance éthique. » de Christophe Dejours, mais surtout « les paradigmes de la simplicité » qui réduit et disjoint les objets, qui détruit les ensembles, la transdisciplinarité nous permettra de faire le dépassement, le débordement des frontières disciplinaires pour acquérir une dimension axiologique, normative des concepts englobant une pléthore de discipline : l'institution, la description, l'Etat, la société, la culture, l'économie , la violence, la structure, l'échange de rite, le pouvoir... Faire une gnoséologie de la transdisciplinarité revient à s'interroger sur les conditions de son émergence c'est-à-dire à observer dans un premier moment ses méthodes et dans un second moment ses principes et ses résultats . C'est de cette manière que nous allons faire une étude méthodologique et épistémologique rigoureuse et systématique.

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